Compte rendu du contre sommet de Vienne (11-13 mars 2010)

Victor Lafon a représenté Attac Campus au contre-sommet de Vienne des 11-13 mars 2010 contre le processus de Bologne. Voici son bilan.

 Jeudi 11 Mars

Après 12 heures de route nous arrivons à Vienne, le lieu où se déroule le forum est en lui même très intéressant : dans l’enceinte de ce campus de centre ville on trouve notamment des amphithéâtres, des salles de cours, des bars, un supermarché, un bâtiment de Caritas. L’amphithéâtre principal nous est réservé et un bar transnational est installé dans une petite salle à coté.
Le départ de la manifestation est à 14h en partant du campus, le groupe atteint à peine 500 personnes (dont probablement la moitié sont des étrangers), l’organisation est faite par « uni brennt ». Puis on rejoint une place déjà occupée par des manifestants sur laquelle de nombreuses délégations prennent la parole (dont Adrien qui parle de la situation en France au nom du NPA). Finalement la manifestation rassemble environ 10 000 personnes (ce n’est que ma propre estimation à l’oeil). Le soir la manifestation se sépare en 6 groupes pour bloquer le sommet. 3 groupes réussiront à pénétrer dans le périmètre interdit ce qui retardera le sommet d’une petite heure (cela dit le blocage n’était pas l’objectif principal du sommet et les effectifs policiers étaient extrêmement limités… par rapport à Copenhague par exemple).

 Vendredi 12 Mars

Début du contre sommet à 14h avec quelques informations pratiques puis premiers ateliers. Après avoir déambulé à la recherche d’un atelier en anglais je suis arrivé dans une petite salle ou se trouvait deux intervenants et deux invités. Les intervenants sont des élus de l’OEH (c’est une sorte de chambre qui existe pour chaque type de métier en Autriche qui siège ou et qui sert à quoi ???) avant le mouvement les représentants de cette « chambre des étudiants » étaient élus un peu à la manière des délégués de classe et par conséquent elle ne soutenait pas le mouvement, cela dit les dernières élections semblent montrer une politisation de l’OEH. De plus en Autriche il n’existe pas de force d’extrême gauche conséquente, et il n’existe pas de syndicat étudiant. D’ailleur UNI brennt n’a aucune étiquette.
Donc les élus de l’OEH nous expliquent que le système de l’université Autrichienne proposait un peu des cours à la carte, ce qui a curieusement changé avec l’application du processus de Bologne et du système LMD (c’est un peu l’inverse de ce qui c’est passé en France, il y a eu une uniformisation des diplômes). Par contre le processus a beaucoup renforcé les difficultés déjà présentes pour changer d’université en cour de cycle. Leur priorités pour l’université : la mobilité, l’employabilité, la « dimension sociale » (la facilité d’accès aux études pour tous) et enfin la formation continue. Devant le manque de virulence contre ce processus je leur parle de la stratégie de Lisbonne, et du fait que la mise en concurrence des universités a commencé et que la marchandisation de la connaissance va suivre. Aucun écho à mon intervention, retour aux problèmes de l’organisation des études.
Il semble que les sociaux démocrates (très minoritaires à ce sommet) ne sont toujours pas contre le processus, ils ne s’intéressent pas aux différents problèmes de marchandisation de la connaissance, ce qui me donne une impression de fossé entre sociaux démocrates et révolutionnaires.
En fin d’après midi conférence plénière avec des étudiants serbes et croates, un syndicaliste allemand (Andreas Keller), une syndicaliste française (Isabelle Bruno) et Eva Hartmann. Ma connaissance de l’anglais m’empêche de vous donnez avec exactitude ce qui a été dit mais en gros les étudiants sont clairement contre Bologne, Andreas Keller essaye de limiter la contestation à ce qui a été fait du processus et pas de son idée de départ (cela dit les interventions de la salle se sont beaucoup dirigée contre lui), Isabelle Bruno a parlé de la stratégie de Lisbonne. Enfin Eva Hartmann a parlé de l’UNESCO mais je n’ai pas compris le fond de son intervention.

 Samedi 13 Mars

Journée pleine avec 3 ateliers de 1h30 à 2h puis la déclaration finale.

L’atelier d’Isabelle Bruno est le seul (dans ceux que j’ai vu) qui recherchait vraiment des solutions pour construire une nouvelle université (les propositions ont été notés, elles sont intéressantes et on peut les lui demander).
L’atelier d’Amael (la personne de sud étudiant qui m’a emmené) est un très bon récapitulatif des différents mouvements jeunes et universitaires en France ces dernières années.
La déclaration finale est finalement extrêmement « révolutionnaire », les gens proposent des barricades, il faut résister, etc... (assez classique pour une déclaration de clôture et ça met tout le monde d’accord). Une personne à la tribune appelle à venir à Bruxelles pour le sommet contre la stratégie le Lisbonne.

 Bilans général personnel

Dans l’ensemble ce sommet montre la détermination de tous pour contrer le processus de Bologne et la marchandisation de la connaissance. Cependant aucune solution n’est vraiment mise en avant, la construction d’une université nouvelle est souhaitée mais rarement discutée ou imaginée. Ce contre sommet montre aussi la possibilité de faire des événements de grande ampleur avec une organisation très fonctionnelle mais aucunement contraignante pour la création du débat (à ce qu’il m’a semblé), le contre sommet montre en lui même qu’une université différente est possible.

Enfin mon bilan personnel du contre sommet : très intéressant, mais très difficile d’aborder des sujets complexes avec mon niveau d’anglais, difficile aussi de s’exprimer et de faire passer son message. Pour organiser un mouvement européen il faut qu’on deviennent aussi bon que les allemands et les autrichiens en anglais... !