Plénière : « Les mobilisations contre la précarité aux niveaux français et européen »

Vous retrouverez le compte-rendu de cet atelier également sur le site de attac-France

Titre de la séance plénière : Les mobilisations contre la précarité aux niveaux français et européen
Animateurs : Bernard LABOURÉ (Attac Isère) et Max FOUILLOUX (Attac Isère)
Rapporteur : Jean-Claude CHARITAT (Attac 05)

En introduction, l’atelier 5 (Théâtre Forum) a restitué son travail par une saynète de 10 minutes avec une participation effective des participants de l’atelier sur le thème de la précarisation.
L’atelier 1 (« Suite de la mobilisation contre le CPE... ») et l’atelier 3 (« Précarité du travail des femmes... ») ont présenté ensuite, une restitution de leurs débats - voir compte-rendus, par ailleurs.
La parole a ensuite été confiée successivement à des porte-paroles d’organisations engagées dans les mobilisations contre la précarité.

Pour ATTAC Campus (Marceau COUPECHOUX) :
C’est une grande victoire qui vient d’être remportée sur le CPE ; cette victoire reste partielle au regard de l’ensemble des textes sur la Loi relative à l’Egalité des Chances (LEC), elle fut acquise après trois mois de luttes et de plus en plus de solidarité, une grande diversité d’actions et de luttes.
Toutes les facultés de France ont été plus ou moins touchées par ce mouvement, sur 81 Universités, il y a eu successivement 8 puis 38 pour aller jusqu’à 67 en grève (le 18 mars) et nous avons assisté à un élargissement progressif des revendications ainsi qu’à un accroissement participatif lors des AG et des votes, qui eurent parfois lieu à bulletin secret.

Pour les syndicats lycéens (Toby FRAJERMAN) :
Les lycéens sont en mouvement depuis plus d’un an et demi, depuis la réforme Fillon de janvier 2005, leurs actions se sont ensuite poursuivies pour s’exprimer contre le TCE puis, contre l’exclusion des sans papiers, ils se sont ensuite mobilisés au regard des mouvements dans les banlieues avant de s’inscrire contre le découpage des ZEP puis dans le cadre de la LEC.
Un appel pour l’action a été lancé dès le 31 janvier 2006 mais il fut suivi d’une lente prise de position compte tenu des faibles résultats obtenus lors des actions précédentes et du relatif isolement dans lequel les lycéens s’étaient trouvés lors de ces actions.
Pour ces syndicats, le constat de la situation actuelle ressemble à un demi-échec ; en effet, le CPE est une victoire en demi-teinte. Ce n’est qu’une petite partie de la LEC, et les textes sur le travail de nuit des jeunes comme sur le travail dès quatorze ans n’ont pas été retirés. Attac a trop peu été impliquée dans les luttes des lycéens.

Pour l’UNEF (Jean-Baptiste Prévost) :
Les luttes contre le CPE se sont traduites par une victoire incontestable, il faut élaborer un réel contre-projet au libéralisme.
La lutte contre le CPE peut être considérée comme « parallèle » au mouvement des banlieues.
On peut combattre efficacement l’idéologie libérale : il faut proposer les alternatives nécessaires, et c’est l’un des rôles essentiels d’Attac ; nous devons envisager une réelle « mise en sécurité sociale » de la jeunesse.

Pour le groupe d’appui CPE (Matthieu LAURENT) :
La mobilisation doit être poursuivie sur le contenu ; les mêmes problèmes existent et perdurent partout en Europe.

  • En Allemagne : depuis 9 mois nous assistons à des actions et à des grèves, des débrayages viennent d’avoir lieu, exigeant une augmentation de 5% des salaires et que la formation soit reprise en charge par les entreprises. Il n’existe plus d’aide au logement pour les moins de 25 ans.
  • En Grèce : une loi comparable à celle du CPE existe.
  • En Espagne : de plus en plus de jeunes diplômés doivent travailler pour moins de 1000€ mensuels.
  • En Italie : 50% d’entre eux sont en « contrat typique », l’équivalent du Contrat de Travail Unique (CTU).
  • En Angleterre : des manifestations viennent d’avoir lieu pour les retraites.
    Nous constatons donc bien une concordance des politiques économiques à l’échelle de l’Europe. C’est le rôle d’attac d’impulser une contre-offensive plus généralisée.

Pour Agir ensemble contre le chômage (Gérard RÉGNIER) :
Nous assistons à une véritable et profonde volonté de « culpabilisation » des chômeurs par les ANPE : alors que nous sommes en présence de 4 millions de demandeurs d’emploi pour 200.000 offres en ligne, la priorité est donnée au « flicage » des chômeurs.
Pour l’association, il faut mettre en place un droit minimum pour tous à un revenu décent (avec ou sans travail) : plus de 7 millions de gens sont en dessous du seuil de pauvreté (ce seuil représente 60% du revenu médian, soit 750 €). Il s’agit d’un « revenu de résistance ».

Pour la FSU (Marc DELEPOUVE) :
Il faut présenter les alternatives. Dans cet objectif, il pourrait être intéressant d’infléchir notre volonté affichée d’éducation populaire vers une notion d’émancipation populaire (ou citoyenne).

Une motion est proposée (Jacques Nikonoff) à l’assemblée plénière tendant à exiger la suppression des poursuites et de la répression contre les jeunes qui ont participé aux manifestations.
Des intervenants demandent qu’un lien soit fait entre les suites aux actions contre le CPE et la crise des banlieues.
D’autres demandent qu’il soit seulement tenu compte de l’aspect historique et particulier relatif au CPE et qu’une confusion ne puisse être entretenue entre les manifestations (sous diverses formes) des jeunes et des faits réellement délictueux.
Jacques Nikonoff fait une proposition amendée à l’Assemblée pour tenir compte du débat qui vient d’avoir lieu. Cette proposition est mise aux voix, acceptée à la majorité dont le résultat est le suivant : 4 votes contre (2,5 %) ; 18 abstentions (11 %) ; 140 pour (86,5 %).