Retour sur le G8

Un contre-G8 comme si vous y étiez !

Histoire de ne pas laisser
les puissants se partager
le monde depuis leur bunker
doré, des milliers de militant-es
venu-es du monde entier se sont
donné-es rendez-vous en Écosse
pour résister au cirque du G8, début
juillet. Réunis dans un charmant
manoir des highlands écossais, à
Gleneagles, les huit chefs d’État et
de gouvernement des pays les plus
puissants de la planète ont renouvelé
la mascarade annuelle qu’est
leur rencontre du G8 [cf. encadré
p16].

Tout a commencé par une
grande marche à travers les rues
d’Edimbourg le samedi 02 juillet.
L’objectif ? Jeter la pauvreté dans
les vestiges du passé (le slogan officiel
était « Make Poverty History
 »). Et encore ? Dénoncer le fait
que le PIB (Produit Intérieur Brut)
mondial augmente chaque année,
alors que le nombre de personnes
souffrant de malnutrition est de 840
millions, que le nombre de personnes
n’ayant pas accès à l’eau
potable et/ou vivant avec moins
d’un dollar par jour représente toujours
un cinquième de la population
mondiale. Cette marche a réuni plus
de 225 000 personnes. Fortement
soutenue par les ONG (Organisations
Non Gouvernementales),
laïques et religieuses, elle a de plus
reçu le soutien officiel de Tony Blair,
de Gordon Brown, ministre des finances anglais,
et des promoteurs du Live 8, concert de pop-stars
diffusé mondialement, dans une manifestation plus
morale que politique ; tout le monde est venu vêtu
de blanc pour rappeler aux membres du G8 que
leurs politiques, loin de réduire la pauvreté, accroissent
les inégalités et condamnent une grande
partie de l’humanité à vivre de rien.

Le lendemain, le dimanche, plus de 80
réunions ont rythmé le « G8 Alternatives Summit
 », journée de débats et de rencontres entre
personnes venues de pays et d’horizons multiples.
Comme lors des Forums Sociaux, les politiques
néolibérales et sécuritaires menées depuis plus de
20 ans et les alternatives au libre-échange et au
capitalisme furent au centre des échanges et discussions.
Loin de se limiter à cette seule journée de débats,
les constructions d’alternatives ont pu être
mises en pratique par les quelques milliers de militant-
es présent-es dans les divers points de
convergence,
notamment au sein de l’Eco-village de Stirling
où l’autogestion, la démocratie directe et les pratiques
écologiques ont très bien fonctionné pendant
plus d’une semaine.

Persuadés qu’il faut perturber ces rencontres
du G8 qui s’illustrent par la totale illégitimité des
décisions qui y sont prises, tant elles ont des
conséquences dramatiques sur les personnes qui
n’ont pas voix au chapitre, les altermondialistes présents dans ces centres
de convergence ont multiplié les initiatives
en ce sens.
Le premier jour du G8, le mercredi
06, a ainsi été l’occasion de tentatives de
blocages sur les diverses routes qui menaient
au manoir de Gleneagles, afin
d’empêcher les diverses délégations de
se rendre sur leur lieu de travail.

Malgré
un ratio policiers/militant-e-s de trois
pour un-e, malgré les nombreuses arrestations
arbitraires et malgré un encerclement
policier du principal campement
alternatif de Stirling, deux blocages de
grands axes (une nationale et une autoroute)
ont eu un effet symbolique en retardant
certaines délégations de
quelques heures. Pour cela, des activistes
n’ont pas hésité à dormir une nuit
à la belle étoile sous la pluie écossaise
pour pouvoir atteindre les zones clés en
se faufilant entre les nombreuses patrouilles
de police. Bloquer, ne serait-ce
que pendant quelques heures, une rencontre
du G8 vise à montrer de manière
symbolique toute notre détermination
pour qu’un autre monde soit enfin possible.

Ce même jour, la seconde grosse
manifestation du contre-sommet
avait comme objectif de s’approcher
au plus près de la « zone
rouge » où se tenait le Sommet du
G8. Cette manifestation voulait
montrer à nos chers dirigeants que
nous contestons le pouvoir qu’ils
s’octroient pour diriger la planète,
au mépris des règles premières de
la démocratie selon lesquelles ce
ne sont pas les plus riches qui
peuvent décider pour les moins
riches. Marquant notre volonté de
s’approcher au plus près de nos 8
chefs d’État, notre action les a obligés
à se retrancher derrière des
forces armées pour mener à bien
leur « coordination macroéconomique
 »...

En mettant une
telle armée face à nous,
les leaders du G8
montrent ainsi que ce sont
eux qui se coupent complètement
de la population.
En se cachant derrière
leurs barbelés, ils
nous montrent de façon
concrète que le pouvoir
qu’ils s’octroient pour décider
de la marche du
monde est illégitime.
Loin de répondre à nos
questions et à nos attentes,
le G8 a préféré tenter
de réduire au silence la
contestation de l’ordre établi,
en déployant un dispositif
répressif très important,
interdisant les manifestations
festives et les
transformant en quasi-émeutes pour satisfaire
l’appétit d’images fortes des
grands médias.

Pour avoir osé jouer du
tambour et/ou se joindre aux déambulations
musicales ponctuant le contresommet,
750 personnes ont été arrêtées...

Nikolaz (Naoned/Nantes),
Maxime (Paris),
Pierre (Strasbourg)

Pour aller plus loin :

  • Le G8 illégitime, 2003, Attac, Éditions
    Mille et Une Nuits
  • Plaquette d’explication et bilan sur le
    G8, sur le site d’Attac Campus