Nous, les anti-pubs

La première fois, nous étions tous étonnés de nous retrouver aussi nombreux. Venu d’horizons divers, individus, militants, non militants, plutôt jeunes.
Nous avons eu l’impression de nous réveiller d’un mauvais rêve et de découvrir tout à coup ’envahissement, le carcan mental que nous impose la pub. Nous étions vivants !
Pour nous comme pour les usagers du métro qui nous ont massivement manifesté leur soutien, sourire aux lèvres, cette action de désobéissance a été LIBERATOIRE.
Enfin quelqu’un osait remettre en cause, au grand jour, joyeusement, pacifiquement le matraquage publicitaire, la folie consumériste.

Car ce mouvement est profondément politique.
Tout le monde vous dira que derrière le matraquage publicitaire nous voulons dénoncer l’emprise de la consommation et de la concurrence sur nos vies. Les stéréotypes de bonheur et de beauté propagés conditionnent nos comportements, frustrent, excluent. Il faut consommer pour exister, à tout prix, pour la croissance, pour le profit, quelles que soient les conséquences écologiques. Les espaces publicitaires se multiplient à l’infini car ils rapportent et les « consommateurs » de pub (nous) n’ont pas le choix d’accepter ou non. Les annonceurs doivent alors occuper ces espaces, sous peine d’être distancés par leurs concurrents. Ca n’a pas de fin. 3000 messages de pub perçus par jours par individu. Elle est partout, les enfants en sont les principales cibles. Elle pénètre insidieusement dans nos écoles et assujettit nos médias.
Et nous n’avons pas le droit de refuser ce qu’on nous impose !

Militantes lyonnaises fouillées à nu, gardes à vue, rafles préventives, 1M€ réclamés à 62 militants pris au hasard. Pour du barbouillage. Ces réactions révèlent l’échelle de valeurs de notre société : un 4x3 vaut plus que la vie des SDF qui meurent à petit feu dessous et qui se multiplient, de plus en plus jeunes, de plus en plus déglingués.

Ces actions sont aussi de formidables moyens de convergence des luttes : elles regroupent des individus et des associations différentes qui luttent contre le même système mais avec des motivations différentes. Pour agir plus discrètement, nous nous retrouvons désormais en petits groupes, plus autonomes et mobiles. Dans le mien : un graphiste, un médecin, des étudiants en journalisme, en sociologie, une intermittente, des cadres du privé, une instit ?

Une bouffée d’oxygène !