Quelle université pour demain ?

« Une université ouverte est une entreprise industrielle où les étudiants sont des clients et les cours des produits vendus sur le marché de l’enseignement continu que régissent les lois de l’offre et de la demande »
Commision Européenne, Rapport sur l’enseignement supérieur ouvert et à distance, 1991.

L’université française En cette rentrée, l’université française vit une régression historique. C’est ce dont les étudiants et les enseignants prennent peu à peu conscience. Celle-ci s’élabore sur la base de trois réformes, soigneusement articulées entre elles, et inspirées par la même idéologie : la réforme dite du LMD, la réforme dite de « modernisation des universités », et enfin, celle qui vise à transformer le statut des personnels des universités.
Ces réformes d’inspiration libérale, étant donné qu’elles diminuent le rôle régulateur de l’État, sont ainsi le prélude à la mise en concurrence généralisée des filières comme des établissements, marquée par une volonté de réduction des coûts. Les « modernisateurs » veulent transformer l’université en une entreprise susceptible de dégager des profits. Il s’agit bien d’un processus de libéralisation progressive de l’enseignement supérieur en Europe, qui verrait à terme des produits d’enseignement s’échanger comme n’importe quelles marchandises sur un marché. Les facs y seraient en totale concurrence, abandonnant au passage leur mission de service public. La loi de « modernisation » des universités, temporairement repoussée, ne fera que renforcer cette logique, en donnant l’autonomie aux facs pour leur financement (possibilité d’explosion des droits d’inscription, comme les étudiants des IEP en font actuellement les frais) et leur politique de formation (choix de filières « rentables »...).
À ces tentatives de prise de contrôle marchand, il faut opposer l’exigence d’une démocratisation réelle de l’Université : l’accès du plus grand nombre aux savoirs qu’elle délivre, son ouverture sur le monde (mais qui ne soit pas un ajustement purement marchand du fonctionnement pédagogique, scientifique, institutionnel de l’université), la réaffirmation de ses missions de recherche et de construction de savoirs universels.
Nous estimons que les nouvelles réformes ne sont pas acceptables en l’état et porteraient de graves atteintes au déjà bien malade système d’enseignement supérieur français. D’autre part, les conditions d’étude et de vie des étudiants, qui chaque jour se détériorent, nous laissent penser que seule une mobilisation franche et massive pourrait faire évoluer les choses. Un tel mouvement est nécessaire car tout cela pose une question plus générale :
Quelle société voulons nous pour demain ?
La question des finalités de l’enseignemnent est au coeur du débat qui doit être mené sur la société que nous voulons construire. Les choix budgétaires de l’actuel gouvernement, dans la lignée des grandes orientations de politique européenne, correspondent à de réels choix politiques conditionnant l’avenir de notre société : l’Etat embauche massivement policiers, gendarmes ou surveillants de prison, mais, en même temps, réduit les postes de chercheurs ou d’enseignants, sacrifiant certaines filières...
Demandez aux STAPS ce qu’ils en pensent... Il n’y a aucune fatalité, en nous mobilisant nous pourrons imposer d’autres choix !