Tous les européens seraient en faveur du projet de « Constitution »... VASTE MENSONGE !

Lors de la consultation interne du PS, la grande majorité de la presse française - et on n’a que la presse que l’on mérite - a relaté une contre-vérité, d’une manière assez scandaleuse. Il serait avéré, selon elle, que l’ensemble de l’Europe et des Européens progressistes serait en fa­veur du projet de Traité Constitution­nel. Cela est faux et mérite quelques corrections. Le caractère libéral, antisocial et atlantiste de ce projet de traité fait débat bien au-delà des frontières hexagonales. Et malgré une réelle volonté d’isoler les opposants au projet, il faudra bien que l’on admette que bon nombre d’européens progres­sistes critiquent ouvertement le projet de traité rédigé par la convention Giscard d’Estaing.

L’État espagnol est le premier qui demandera à ses citoyens de se pro­noncer par référendum, le 20 février prochain. Zapatero l’Européen ayant remplacé Aznar l’atlantiste, il ne fait guère de doute sur l’issue du scrutin dans chacune des régions formant l’Espagne, sauf ? une, la Catalogne. Un vaste mouvement d’information et de mobilisation entamé il y a plus de treize mois par des forces associatives devrait déboucher sur une majorité en faveur du non en Catalogne. Qu’une des régions phare de l’État espagnol risque de refuser ce projet de Traité devrait faire réfléchir tous ceux qui encensent Zapatero, ce Socialiste moderne qui affirme que 35 % de participation serait une « fête de la démocratie » alors que 55 % des Espagnols affirment ne pas savoir ce qu’est la « Constitution » Européenne.

Que des pays aussi importants que l’Allemagne, la Grèce, l’Autriche ou la Belgique voient se développer des mouvements en faveur d’une rati­fication par référendum prouve que le débat, démocratique, est en train de se nouer dans un nombre important de pays. Que les journalistes français n’en disent mot pendant la consultation des adhérents du PS prouve qu’il y a une réelle volonté de non-information.

La plupart des spécialistes reconnaît qu’un référendum organi­sé aujourd’hui en Pologne donnerait une large victoire du non. Pourquoi ne pas en faire état dans le débat franco-français ? Sans doute parce qu’on ne souhaite pas mettre sur la place publique tous les arguments de ces polonais déboussolés suite à l’adhésion de leur pays. Celle-ci ne leur a en effet amené qu’une augmentation galopante des prix des produits de première nécessité, stagnation des salaires et une disparition progressive de la paysannerie traditionnelle, pas assez « productive ».

On a également entendu dire que le mouvement syndical européen était en faveur de la « Constitution ». Cet argu­ment repose sur la seule prise de posi­tion du comité exécutif de la CES (Confédération Européenne des Syn­dicats) qui ne regroupe pas, loin de là, l’ensemble des forces syndicales euro­péennes, et surtout, qui ne représente en rien l’avis de ses millions de syndi­qués européens. D’ailleurs, la CGT membre de la CES a pris position contre la « Constitution ». En France, la CGT, l’Union syndicale Solidaires et la FSU se sont prononcés contre ce traité. L’année passée, les trois centrales syndicales belges avaient si­gné un texte affirmant que le projet de texte « n’était pas acceptable en l’é­tat ». Et le texte n’a quasiment pas évolué depuis. La CGT portugaise af­firme « que la Constitution est très en deçà [de ses] attentes » et critique « sa marque profondément libérale ». La CGT de l’État espagnol appelle également à voter non. De plus, de nombreuses forces syndicales n’ont pas encore pris position ou ne pren­dront jamais position. Ainsi, affirmer que le mouvement syndical européen est de manière unanime en faveur du projet de traité européen est une contre-vérité notable.

Nul doute que la mobilisation contre ce projet de traité saura faire oeuvre de cette dimension européenne. Attac et Attac Campus s’y emploieront, notamment lors du 30 avril à Paris (voir page 14).

Maxime (Paris)